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Bible, Histoire, Archéologie

Bible,
Histoire,
Archéologie

Les versions historiques

Nous ne possédons aucun des manuscrits originaux des 66 livres de la Bible (73 pour les éditions catholiques et encore de deux de plus pour les orthodoxes, (voir la page des Livres de la Bible), mais seulement des copies de copies.

Image ci-contre : un buste de Ptolémée II Philadelphe (vers 309/308 – 246 avant J.-C.) exposé au Musée nationale archéologique de Naples. © Marie-Lan Nguyen.

Pour l’Ancien Testament (ou Première Alliance) nous possédons cependant, en plus de manuscrits copiés de génération en génération avec une extrême minutie par les massorètes (transmetteurs fidèles de la forme textuelle de la Bible hébraïque), les targoums, traductions faites en araméen après l’Exil. L’hébreu était devenu une langue incompréhensible pour les Juifs de retour de l’exil babylonien (VIe siècle avant J.-C.).
Au IIIe/IVe siècle avant Jésus-Christ, l’Ancien Testament a été traduit en grec, c’est la Version des Septante, qui était généralement utilisée par les chrétiens des premiers siècles. Selon une tradition (légende ?) rapportée dans la Lettre d’Aristée (IIe siècle avant J.-C.), la traduction de la Torah (les 5 premiers livres de la Bible) aurait été réalisée par 72 (septante-deux) traducteurs à Alexandrie, vers 270 avant J.-C., à la demande du roi Ptolémée II Philadelphe pour sa Bibliothèque d’Alexandrie.

Image ci-dessous : Nouveau Testament de John Wycliffe copiée à la main vers 1400. © Collection Van Kampen. Visible aux Holy Land Experience à Orlando (Floride). Photo Paolo Verzone.

Dès le IIe siècle de l’ère chrétienne, toute la Bible a été traduite en latin à plusieurs reprises. Au IVe siècle, Jérôme de Stridon refit toute la traduction : la plus grande partie de l’Ancien Testament depuis l’hébreu, les Psaumes d’après la version des Septante et le Nouveau Testament d’après divers manuscrits. Cette version a mis un demi-siècle à s’imposer et est connue sous le nom de Vulgate. Jérôme lui-même indique les livres qui ne sont pas inspirés et ne doivent pas figurer dans le Canon. L’Église catholique romaine les intégrera quand même plus tard sous le nom de «deutérocanoniques» (C’est à dire admis secondairement dans le canon par opposition à «protocanonique» qui s’applique à des livres qui n’ont jamais été contestés), alors que Jérôme les qualifiait déjà d’«apocryphes» (apókryphos, «caché», un écrit «dont l’authenticité n’est pas établie», Littré).
Dans les siècles suivants, ce fut la Vulgate et non les originaux qui servirent de départ pour les traductions en diverses langues (français, provençal, etc.). Environ 60 traductions sont conservées à la Bibliothèque Nationale de Paris.
La Vulgate est devenue la version officielle pendant tout le Moyen Âge. Elle a fait autorité dans l’Église catholique jusqu’au XXe siècle.

Une copie du début de la Lettre d’Aristée à Philocrate. © Bibliothèque apostolique vaticane, XIe siècle.
La lettre d’Aristée à Philocrate est un pseudépigraphe difficilement datable d’avant – 100, relatant de manière légendaire la traduction en grec du Pentateuque. Il constitue sans doute le premier document rapportant les origines de la Bible grecque des Septante et est un excellent reflet de l’état d’esprit du judaïsme alexandrin (ou judaïsme synagogal) de cette époque.
Un scribe prépare son travail pour rédiger un texte de la Torah sur un papyrus . © Anneka.

Au temps de la Réforme

On connaît environ une trentaine de traductions de la Bible en allemand avant celle de Luther. Il commença par le Nouveau Testament, en se basant surtout sur le texte grec d’Érasme (Humaniste des Pays-Bas, vers 1466-1536) compilation hâtive de divers manuscrits. Cette traduction eut un grand succès, parce qu’au lieu de faire une traduction mot-à-mot, sa préoccupation était de rendre le sens du texte, de façon à ce que la compréhension du message soit à la portée de tous. Ensuite, pendant 12 ans il travailla à la traduction de l’Ancien Testament avec l’aide d’une équipe de spécialistes, s’attachant à nouveau à rendre le sens de la phrase.

Image ci-contre : une gravure d’époque représentant John Wycliffe (vers 1330 -1384), théologien anglais et précurseur de la Réforme anglaise, et plus généralement de la Réforme protestante. © Morphart Creation.

À la fin du Moyen Âge, des portions de la Bible ont été plusieurs fois traduites en anglais. C’est John Wycliffe, précurseur de la Réforme anglaise, qui traduit la Bible en entier vers 1380, des centaines de copies en furent vendues. Au XVIe siècle, huit traductions importantes furent publiées, notamment celle de William Tyndale qui fut martyrisé en 1536. La célèbre King James Version de 1611 (traduction réalisée sous le règne de Jacques VI d’Écosse et roi d’Angleterre) reprend les 9/10e du texte de Tyndale. Là aussi, le mot hébreu ou grec n’est pas toujours rendu par le même mot anglais, pour préserver le sens du texte. Cette version fut violemment attaquée et mit 40 ans à s’imposer, mais elle resta ensuite en vigueur pendant près de deux siècles.

 

Manuscrit d’une Torah du XIVe siècle. La parasha Yaitikra : les deux premières pages du Lévitique. © British Museum.
La parasha (héb. פרשה, « exposé » , plur. : parashiot ou parashiyyot) est l’unité traditionnelle de division du texte de la Bible hébraïque selon la seule version admise dans le judaïsme, à savoir le texte massorétique.

 

La Bible de Gutenberg ou Bible latine à quarante-deux lignes (B42) est le premier livre imprimé en Europe à l’aide de caractères mobiles. Mais ce n’est pas le premier livre imprimé du monde, on sait notamment que l’imprimerie existait depuis le IXe siècle en Chine. © New York Public Library, aux États-Unis.

La plus ancienne Bible illustrée au monde, toutes langues confondues.
La Bibliothèque Nationale de France possède la plus ancienne Bible illustrée au monde, toutes langues confondues. Elle date du VIe siècle et a été créée au nord de l’Irak actuel. Vingt-quatre miniatures, retraçant la geste de l’Ancienne Alliance et illustrant les hauts faits des prophètes, esquissent les contours d’un programme iconographique élaboré et sans équivalent. À travers ces vestiges, le milieu d’origine du manuscrit se dévoile ainsi comme le creuset d’un art original et novateur, irrigué de références visuelles communes aux chrétientés de la Méditerranée orientale et traversée de nombreux échos de la spiritualité syriaque. © Emission TV A2. Chrétiens orientaux foi, espérance et traditions.

Pour en savoir plus

Francois Pacha MIRAN, Le décor de la Bible syriaque de Paris,
et son rôle dans l’histoire du livre chrétien.

Longtemps perçu à tort comme une place peu créative de l’Empire byzantin, le monde syriaque n’en a pas moins incarné un rôle déterminant, au cours des derniers siècles de l’Antiquité, dans l’émergence de l’art du livre chrétien. C’est en effet entre le Tigre et l’Euphrate que virent le jour, certains des plus anciens manuscrits bibliques illustrés, parmi lesquels cette fameuse « Bible de Paris », conservée à la Bibliothèque Nationale de France (BnF syr. 341).

Bibliothèque Nationale de France. Bnf Syr. 341. Paris, 2020.