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Bible, Histoire, Archéologie

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Archéologie

Introduction générale

Vers 540, l’Elam passe aux mains du roi de Perse Cyrus II (559-530 avant J.-C.), de la dynastie achéménide.
L’un des successeurs de Cyrus II, Darius Ier (522-486 avant J.-C.), fait de Suse une résidence royale à côté de Persépolis et de Pasargades →. Implantée dans l’ouest de l’Iran actuel, à 140 km environ à l’est du Tigre, Suse est au cœur de l’ancien pays d’Elam. Elle devint une importante capitale d’un empire gigantesque qui s’étendit du Nil à l’Indus et l’une des résidences d’hiver des souverains perses (Néhémie 1,1). Ses ruines, contenues dans trois sections, comptent parmi les plus importants témoignages de l’histoire du Proche-Orient ancien ; elles s’étendent sur un espace de 2 km de long sur 1,400 km de large. Le pourtour mesure environ 5 km mais si l’on englobe les ruines disséminées plus loin, le pourtour atteint alors 9 à 11 km.

Image ci-contre : une darique d’or, en usage dans l’Empire achéménide et sa sphère d’influence. Domaine public.
La tombe traditionnelle du prophète Daniel à Suse, vénérée par les musulmans et les Juifs, se dresse à Suse depuis le Moyen-Âge. Ce curieux édifice de forme conique, élancé et alvéolé, est typique de l’architecture locale de la province du Khouzistan. © Inspired By Maps. 1023915001.

Les fouilles archéologiques de Suse

L’emplacement de la ville de Suse ne fut jamais totalement oublié, notamment parce qu’elle n’a pas été détruite par le feu et qu’il s’y trouve un tombeau traditionnellement attribué au prophète Daniel, objet de pèlerinages tant pour les musulmans que pour les Juifs, au cours de l’Histoire.
Au début du XIXe siècle, les ruines de Suse sont explorées par les Britanniques William Loftus et Austen Henry Layard et des fouilles y furent ensuite dirigées successivement par les Français Marcel et Jane Dieulafoy (1884-1886) dont l’expédition réussit tout de même à envoyer de nombreuses et magnifiques découvertes que l’on peut admirer aujourd’hui au Musée du Louvre à Paris.
D’autres fouilles ont été encore menées par Jacques de Morgan (1891-1907) qui mit au jour, en 1901, la haute stèle en basalte du Code de lois d’Hammourabi au milieu de l’Acropole de Suse, puis par Roland de Mecquenem (1907-1935), Roman Ghirshman (1946-1966) et Jean Perrot (1967-1979).
Lorsque Darius Ier, en 539 avant J.-C., intègre Suse à l’empire, cette ville multimillénaire, dévastée de fond en comble en 639 avant J.-C. par le roi d’Assyrie Assurbanipal, n’est plus que l’ombre d’elle-même mais il décide d’y établir une de ses capitales. Le site comprend alors, sur 120 ha, trois tells qui dominent la plaine de 15 à 25 m au bord de la rivière Chaour. Les trois tells sont nommés « Ville Royale », « Apadana » et « Acropole ».

La ville Royale
Elle s’étend sur 120 ha, les habitations populaires dont elle était composée n’ont laissé que peu de traces ; elle est entourée d’un glacis et d’un large fossé que remplissaient les eaux du Chaour ; sur l’axe de la voie conduisant de la cité vers le Palais et l’Apadana se trouvait un bâtiment – les propylées – en forme de vestibule formé de deux grandes salles en largeur, précédées et suivies d’un portique à deux colonnes, l’ensemble permettant le passage des chars.

Une fois dépassés les propylées, on accède au tell du Palais et de l’Apadana par une puissante chaussée en brique crue de 30 m de long sur 10 de large franchissant un fossé profond de 10 à 15 m.

La Porte
« La Porte » est un imposant bâtiment (ci-contre, dessin de D. Ladiray), synonyme de la cour et du palais ainsi que le montre l’expression « ceux de la Porte » (Esther 2,21 ou 3,2-3), devenu un titre de cour y compris dans les tablettes babyloniennes. On ne pouvait accéder au palais qu’à travers elle. À Suse, elle mesure 28 m de large sur 40 m de long et 15 m de haut. Elle comprend trois salles, la plus grande permettait aux solliciteurs d’attendre d’être interrogés par les « gardiens de la porte » qui les laissent entrer ou transmettent leur message par « les porteurs de message » si l’audience est refusée. (Pierre Briant, Histoire de l’Empire perse).
Une fois la Porte franchie s’étend une vaste esplanade qui mène à la Résidence royale.

La résidence royale
De la Résidence royale, il ne subsiste que les fondations ; elle mesure 38 000 m2 et comporte trois cours sur lesquelles s’ouvrent les différents bâtiments et les appartements du roi. Les murs des couloirs et des escaliers du palais sont décorés de magnifiques frises en briques multicolores. Elles montrent des alignements d’archers vus de profil ainsi que des animaux féroces et fantastiques : lions, sphinx, taureaux ailés.

Image ci-contre : les archers. Ils représentent vraisemblablement les «Immortels», les gardes d’élite dont parle Hérodote et qui accompagnent le roi dans ses campagnes, Musée de Berlin. © Théo Truschel.

Tout autour du palais se trouvaient des jardins appelés « paradis » comme à l’époque néo-assyrienne, paradis dans lesquels on rassemblait des plantes, des arbres et des animaux exotiques provenant de tous les pays soumis de l’empire.

L’Apadana
Le tell de l’Apadana se présente comme un quadrilatère régulier d’environ 250 m de côté, situé à 15 m au-dessus du niveau de la plaine ; le sommet en a été arasé pour créer une vaste plateforme artificielle sur laquelle s’élèvent la Résidence royale, ses jardins et la grande salle d’audience de 58 m de côté ou Apadana. Dans l’axe de la chaussée une Porte a été mise au jour. Chacun des murs élevés sur cette plateforme l’a été sur des fondations distinctes, une tranchée étant ouverte jusqu’au sol naturel puis remplie de graviers.

Image ci-contre : un dessin d’une des colonnes, avec son chapiteau, atteignant 22 m de haut. © Théo Truschel.

La salle des audiences était une salle hypostyle qui couvrait environ un demi-hectare. Elle contenait 36 colonnes de 22 mètres de haut – 6 rangées de 6 chacune – surmontées de chapiteaux sculptés en forme de taureaux agenouillés dos à dos (image ci-contre). De longues poutres en bois de cèdre du Liban reliaient les colonnes massives entre elles. Les colonnes de l’Apadana symbolisent à elles seules les influences architecturales de l’empire : la base campaniforme est égyptienne, les fûts cannelés ioniens, le chapiteau palmiforme égyptien, les doubles volutes phéniciennes et l’imposte en forme de bustes d’animaux mésopotamienne. Chaque colonne avec son chapiteau pèse plus de 25 tonnes. Nous n’avons aucune indication de la décoration de l’Apadana.

 

Image ci-dessous : une maquette du palais de Darius Ier et Xerxès, à Suse (Iran), vue arrière, vers 520-460 avant J.-C. © Musée d’Israël, Jérusalem.

 

L’Acropole
Il n’en reste aujourd’hui que quelques ruines d’une enceinte, mais la Suse achéménide n’avait pas de murailles, sa position en hauteur sur un glacis suffisait à la protéger.
Le palais de Suse est un monument unique, sa « Porte » est le prototype de la salle au plan carré à quatre colonnes qui sera le module préféré des architectes de Persépolis, c’est donc un important jalon de l’architecture palatiale dans cette partie du monde.

La fin de Suse (IVe siècle avant J.-C.)

L’empire perse est vaincu par Alexandre le Grand en 331 avant J.-C., et intégré à l’empire hellénistique. Alexandre épouse à Suse deux filles de Darius III, afin de légitimer son pouvoir sur la Perse et d’unifier son empire. Après la mort d’Alexandre, en 323 avant J.-C., la cité décline lentement et subit les invasions parthe, sassanide et islamique.

Image ci-contre : un kylix grec (coupe) du Ve siècle avant J.-C. montrant un duel entre un guerrier perse et un hoplite. Musée archéologique national d’Athènes. Domaine public.

Désertée au XVe siècle de notre ère, une nouvelle Suse se repeuple à proximité de l’ancienne, au XXe sur les rives de la rivière Chaour. Elle compte aujourd’hui plus de 60 000 habitants.

Accéder à la page d’Esther et Néhémie à Suse  →

Trois des quatre tombes royales rupestres de Naqsh-e Rustam près de Persépolis. Celle de droite est celle de Darius Ier idetifiée grâce aux inscriptions gravées sur la façade. À gauche : tombes de Darius II et d’Artaxerxès Ier. © Gilles Rheims.

Pour en savoir plus

BRIANT Pierre, Histoire de l’Empire perse
De Cyrus à Alexandre

Pratiquement inconnu jusqu’alors sur les registres de l’Histoire, le peuple perse, depuis sa base de l’Iran méridional (Fàrs), se lance vers 550 avant J.-C. dans une aventure prodigieuse qui, sous la conduite de Cyrus le Grand et de ses successeurs, va aboutir à la création d’un empire immense entre Asie centrale et Haute-Égypte, entre Indus et Danube.
Éditions Fayard, 1996, Paris.