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Bible, Histoire, Archéologie

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Le codex Sassoon,

la plus ancienne Bible hébraïque ?

La plus ancienne et la plus complète Bible hébraïque (Tanakh), à près de onze cents ans d’âge, va être vendue aux enchères le 17 mai 2023 pour un prix estimé entre 30 et 50 millions de dollars (entre 28 et 46 millions d’euros), a déclaré à l’AFP Richard Austin, responsable des livres et manuscrits anciens chez Sotheby’s.

Un détail du codex Sassoon, probablement la plus ancienne Bible complète hébraïque à ce jour. © Ed Jones/AFP.
Image ci-contre : le codex Sassoon : la Bible hébraïque complète la plus ancienne, exposée chez Sotheby’s, à New York, le 15 février 2023. © Ed Jones/AFP.
Le codex mesure 48 cm sur 36 cm et contient 274 feuillets. Il est écrit sur parchemin, avec trois colonnes par page, et un total de 20 lignes par colonne. Le manuscrit est rédigé en écriture hébraïque carrée. Il est de grande qualité, et l’écriture est claire et lisible, avec très peu d’erreurs ou de corrections. Le manuscrit est enluminé de motifs décoratifs à l’encre rouge et bleue, qui sont utilisés pour marquer le début de nouvelles sections et de nouveaux livres.
Sa mise en page rappelle celle des rouleaux de la Torah lus à la synagogue.

En 1891, le manuscrit a été acquis dans les années 1900 par le collectionneur britannique David Solomon Sassoon (1880-1942), membre éminent de la communauté juive de Bombay, en Inde, qui avait rassemblé la plus grande et la plus importante collection privée de manuscrits hébreux au monde. Il détenait une collection de 412 manuscrits et avait en particulier une affinité pour les Bibles. Il ajouta le codex à sa collection et le nomma codex Sassoon. Ce dernier daterait de l’an 900 environ. Cette date reste toutefois approximative du fait qu’aucune étude poussée ou publication scientifique n’ont encore été faites à ce jour.

Une page du codex

La vente devrait avoir lieu au mois de mai, au cours de la classique saison de printemps des enchères pour les tableaux d’art contemporain, moderne et impressionniste, qu’organisent les mastodontes du secteur à New York : Sotheby’s, propriété du magnat franco-israélien Patrick Drahi et sa concurrente Christie’s contrôlée par la holding Artémis du milliardaire français François Pinault.

Image ci-contre : une page du codex Sassoon contenant un passage d’Exode 25,23-35. © Ed Jones/AFP.

Cette Bible en hébreu – langue originelle de l’Ancien Testament qui contient aussi quelques passages en grec et en araméen – a appartenu à des collectionneurs importants au XXe siècle ; il est possible qu’elle parte dans une institution pour y être encore étudiée, y compris à l’étranger.
Le codex Sasson est dans un état de conservation exceptionnel, auquel il ne manque que huit feuillets. Il relie les 24 livres de la Bible hébraïque avec leur ponctuation, leurs voyelles et leurs accents, comme on peut le voir sur l’image ci-contre.
La Bible hébraïque est
divisée en trois parties :  le Pentateuque (Torah), les Prophètes (Nevi’im) et les Écrits (Ketouvim).
Le texte du manuscrit est le texte massorétique, qui est le texte hébreu traditionnel de la Bible hébraïque. Ce texte est considéré comme la version la plus autorisée et la plus précise de la Bible hébraïque. Le manuscrit contient également quelques targoumim, qui sont des commentaires araméens du texte hébreu. Ces targoumim sont écrits d’une main différente, et on pense qu’ils ont été ajoutés au manuscrit à une date ultérieure.

Cette version de la Bible, plus complète que le codex d’Alep – écrit probablement entre 910 et 930 de notre ère, mais environ un tiers de ses pages manquent –, aurait été authentifiée dans un premier temps au carbone 14 et confirmée par une rapide et première recherche paléographique et codicologique. Elle a survécu à plus d’un millénaire entre les mains de plusieurs collectionneurs publics et privés, dont plusieurs noms sont mentionnés dans le manuscrit.

Information officielle de Sotheby’s.
Le 17 mai 2023, la bible hébraïque millénaire, la plus ancienne quasi complète connue, a été achetée aux enchères à New York pour 38,1 millions de dollars (en fait 33,5 millions de dollars, mais avec les frais et les primes, le prix final a atteint les 38,1 millions de dollars) par l’ancien ambassadeur des 
États-Unis en Roumanie et philanthrope Alfred Moses et sa famille qui l’ont offerte au Musée du peuple juif (l’ANU) de Tel-Aviv, Israël.

Image ci-contre : le codex Sassoon, la plus ancienne Bible hébraïque, datant de la fin du IXe ou du début du Xe siècle. Elle a été créée au début du Moyen-Âge par des érudits connus sous le nom de Massorètes. La couverture du manuscrit est en cuir brun foncé et comporte des pièces et des fermoirs en métal. © Ed Jones/AFP.
Images de gauche à droite :
–  Le codex Sasson a été exposé durant quelques jours, en mars, au Musée du peuple juif de l’ANU à Tel-Aviv, avant son retour, pour sa mise en vente chez Sotheby’s à New York. « Il s’agit de l’un des documents les plus rares, uniques et unificateurs qui aient jamais existé », a déclaré Irina Nevzlin, présidente du conseil d’administration de l’ANU, à la JTA. « Pour nous, le fait de l’avoir dans un musée où il sera accessible à tous ces millions de personnes est quelque chose qui peut renforcer nos racines et notre identité, parce que c’est quelque chose d’éternel. » © Jessica Steinberg/Times of Israel.
–  Benjamin Doller, commissaire-priseur chez Sotheby’s prenant les enchères sur le codex Sassoon, à New York, le 17 mai 2023. © Angela Weiss/AFP.

Sa réapparition

Image ci-contre : David Solomon Sassoon, à son bureau, devant sa machine à écrire en 1930. Domaine public.

Le codex a été considéré comme perdu pendant près de 600 ans après la destruction de la synagogue du nord-est de la Syrie dans laquelle elle se trouvait et il a fait sa réapparition en 1929. Il a appartenu depuis à des privés et il est actuellement la propriété du financier et collectionneur suisse Jacqui Safra qui l’avait acquis en 1989 auprès de la British Rail Pension Fund pour environ 320 000 dollars, soit 1,4 million de dollars d’aujourd’hui.

« C’est la première fois que ce texte apparaît sous une forme qui est réellement lisible et compréhensible », a expliqué Sharon Liberman Mintz, spécialiste des textes du judaïsme chez Sotheby’s. Concernant sa mise à prix élevée, elle a ajouté que le codex était déjà cher à l’époque et qu’il avait fallu plus de cent peaux d’animaux pour le réaliser. Elle a noté que cette Bible a été écrite par un seul scribe (dans sa partie hébraïque) et qu’elle mentionne des repères permettant de suivre, au fil des années, ses différents propriétaires, révélant le nom du dernier avant sa disparition, lorsque la synagogue où elle avait été exposée, un temps, avait été détruite dans la ville syrienne de Makisin (aujourd’hui Markada).

Conclusion

Image ci-contre : un spécialiste étudie le codex Sassoon. © Sotheby’s.

En conclusion, le codex Sassoon est un manuscrit précieux et significatif de la Bible hébraïque. Sa rareté, ses caractéristiques uniques et son importance historique en font une ressource importante pour les érudits et les historiens des études juives et bibliques. Le manuscrit donne un aperçu du développement de la Bible hébraïque, et c’est un exemple important du texte massorétique, qui est le texte traditionnel de la Bible hébraïque. Ce codex est également devenu une icône culturelle populaire, représentant la fascination et l’attrait des manuscrits et des textes anciens.

Image ci-dessus : aujourd’hui, un sofer en train de rédiger une page d’un sefer Torah du livre d’Esther. © DstockIL 1321889600.