
Bible, Histoire, Archéologie
Bible,
Histoire,
Archéologie
Le codex Sassoon,
la plus ancienne Bible hébraïque ?
Sommaire:
Introduction – L’étude scientifique – Une page du codex Sassoon – Conclusion
La plus ancienne et la plus complète Bible hébraïque (Tanakh), de plus de mille ans d’âge, va être vendue aux enchères au mois de mai (16 mai ?) pour un prix estimé entre 30 et 50 millions de dollars (entre 28 et 46 millions d’euros), a déclaré à l’AFP Richard Austin, responsable des livres et manuscrits anciens chez Sotheby’s.

Un détail du codex Sassoon, probablement la plus ancienne Bible complète hébraïque à ce jour. © Ed Jones/AFP.
Image ci-contre : le codex Sassoon : la Bible hébraïque complète la plus ancienne, exposée à Sotheby’s, à New York, le 15 février 2023. © Ed Jones/AFP.
Le codex mesure 48 cm sur 36 cm et contient 274 feuillets. Il est écrit sur parchemin, avec trois colonnes par page, et un total de 20 lignes par colonne. Le manuscrit est rédigé en écriture hébraïque carrée. Il est de grande qualité, et l’écriture est claire et lisible, avec très peu d’erreurs ou de corrections. Le manuscrit est enluminé de motifs décoratifs à l’encre rouge et bleue, qui sont utilisés pour marquer le début de nouvelles sections et de nouveaux livres.
Le codex Sassoon, du nom de son propriétaire le plus connu, David Solomon Sassoon (1880-1942) qui a rassemblé la plus grande et la plus importante collection privée de manuscrits hébreux au monde et avait une affinité pour les Bibles en particulier (une collection de 412 manuscrits). Celle-ci daterait de l’an 900 environ. Cette date reste approximative du fait qu’aucune étude détaillée ou publication scientifique n’ont été faites à ce jour et pour avancer une date avec précision sur cet exceptionnel ouvrage, deux conditions s’imposent :
– la paléographie
Même après un examen précis par des spécialistes de l’hébreu du Moyen Âge, la date resterait approximative.
– La présence d’un ou plusieurs colophons
Un colophon est la note finale d’un manuscrit ou d’un incunable donnant généralement des indications sur le titre de l’œuvre, l’auteur, parfois sur le copiste et la date de copie ou bien sur l’imprimeur et la date d’impression. Il sera par la suite remplacé par la page de titre.
À ce jour, nous n’avons aucune information sur la présence éventuelle d’un colophon.
Une page du codex
La vente devrait avoir lieu au mois de mai, au cours de la classique saison de printemps des enchères pour les tableaux d’art contemporain, moderne et impressionniste, qu’organisent les mastodontes du secteur à New York : Sotheby’s, propriété du magnat franco-israélien Patrick Drahi et sa concurrente Christie’s contrôlée par la holding Artémis du milliardaire français François Pinault.
Image ci-contre : une page du codex Sassoon contenant un passage d’Exode 25,23-35. © Ed Jones/AFP.
Cette Bible en hébreu – langue originelle de l’Ancien Testament qui contient aussi quelques passages en grec et en araméen – a appartenu à des collectionneurs importants au XXe siècle ; il est possible qu’elle parte dans une institution pour y être encore étudiée, y compris à l’étranger.
Le codex Sasson est dans un état de conservation exceptionnel, auquel il ne manque que 12 feuillets. Il relie les 24 livres de la Bible hébraïque avec leur ponctuation, leurs voyelles et leurs accents, comme on peut le voir sur l’image ci-contre.
La Bible hébraïque est divisée en trois parties : le Pentateuque, les Prophètes et les Écrits.
Le texte du manuscrit est le texte massorétique, qui est le texte hébreu traditionnel de la Bible hébraïque. Ce texte est considéré comme la version la plus autorisée et la plus précise de la Bible hébraïque. Le manuscrit contient également un ensemble de Targoumim, qui sont des traductions araméennes du texte hébreu. Ces Targoumim sont écrits d’une main différente, et on pense qu’ils ont été ajoutés au manuscrit à une date ultérieure.
Cette version de la Bible, plus complète que le codex d’Alep, aurait été authentifiée dans un premier temps au carbone 14 et confirmée par une rapide et première recherche paléographique et codicologique (…). Elle a survécu à plus d’un millénaire entre les mains de plusieurs collectionneurs publics et privés.
Sa réapparition
Image ci-contre : David Solomon Sassoon, à son bureau, devant sa machine à écrire en 1930. Domaine public.
Le codex a été considéré comme perdu pendant près de 600 ans après la destruction de la synagogue du nord-est de la Syrie dans laquelle elle se trouvait et il a fait sa réapparition en 1929. Il a appartenu depuis à des privés et il est actuellement la propriété du financier et collectionneur suisse Jacqui Safra.
« C’est la première fois que ce texte apparaît sous une forme qui est réellement lisible et compréhensible », a expliqué Sharon Liberman Mintz, spécialiste des textes du judaïsme chez Sotheby’s. Concernant sa mise à prix élevée, elle a ajouté que le codex était déjà cher à l’époque et qu’il avait fallu plus de cent peaux d’animaux pour le réaliser. Elle a noté que cette Bible a été écrite par un seul scribe (dans sa partie hébraïque) et qu’elle mentionne des repères permettant de suivre, au fil des années, ses différents propriétaires, révélant le nom du dernier avant sa disparition, lorsque la synagogue où elle avait été exposée, un temps, avait été détruite dans la ville syrienne de Makisin (aujourd’hui Markada).
Conclusion
Image ci-contre : un spécialiste étudie le codex Sassoon. © Sotheby’s.
En conclusion, le codex Sassoon est un manuscrit précieux et significatif de la Bible hébraïque. Sa rareté, ses caractéristiques uniques et son importance historique en font une ressource importante pour les érudits et les historiens des études juives et bibliques. Le manuscrit donne un aperçu du développement de la Bible hébraïque, et c’est un exemple important du texte massorétique, qui est le texte traditionnel de la Bible hébraïque. Ce codex est également devenu une icône culturelle populaire, représentant la fascination et l’attrait des manuscrits et des textes anciens.