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Bible, Histoire, Archéologie

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Le tunnel d’Ézéchias

et son inscription

Introduction

Le tunnel d’Ézéchias ou tunnel de Siloé fut sondé pour la première fois en 1838 par le bibliste américain, Edward Robinson (1794-1863), auteur de l’ouvrage Biblical Researches in Palestine qui eut un certain retentissement lors de sa parution.
Une inscription, dite inscription de Silwan, fut découverte par hasard en juin 1880, à 2 mètres de hauteur et à 6 mètres de la sortie du bassin de Siloé. Elle apparait comme l’une des plus anciennes inscriptions connues en paléohébreu (hébreu ancien). Elle raconte l’histoire de la percée du tunnel et, plus particulièrement de la fin du forage.

Image ci-contre : l’inscription du tunnel d’Ézéchias exposée aujourd’hui au musée de l’Orient ancien d’Istanbul, Turquie. Montage © Théo Truschel.

Le canal fut ensuite exploré par l’équipe du capitaine et aventurier Montagu Brownlow Parker entre 1909 et 1911 ; les excavations récentes menées par l’archéologue Ronny Reich de 1995 à 2010 ont mis au jour quelques outils et accessoires laissés sur place par l’expédition Parker.

L’histoire selon les Écritures

Les Écritures nous rapportent les événements suivants:
«C’est lui, Ézéchias, qui obtura l’issue supérieure des eaux de Guihon et les fit se diriger plus bas vers l’ouest de la Cité de David» (2 Chroniques 32,30).
«Le reste des actes Ézéchias, tous ses exploits, ce qu’il a fait, le réservoir et le canal construits pour amener l’eau dans la ville, cela n’est-il pas écrit dans le livre des Annales des rois de Juda?» (2 Rois 20,20, le livre des Annales des rois de Juda ne nous est jamais parvenu).

Le contexte historique

Devant l’imminence de l’invasion des Assyriens menés par Sanchérib (le Sennachérib de la Bible) et la menace du siège de Jérusalem, la Bible nous rapporte que le roi de Juda, Ézéchias, entreprit de creuser une galerie souterraine pour alimenter en eau la ville de Jérusalem. Cette galerie s’enfonce en pente douce depuis la source du Gihon, communique avec «le Puits de Warren» pour déboucher finalement sur le bassin de Siloé.
Ce tunnel de 533 m de long environ, a été creusé entièrement par les habitants de Jérusalem et aujourd’hui encore les spécialistes restent admiratifs devant l’ingéniosité de cette entreprise. De récentes études ont permis de préciser les moyens employés : il semble que les ouvriers s’orientaient à l’acoustique, de part et d’autre de l’ouvrage.

Plan ci-contre : plan du tunnel d’Ézéchias, de la source du Gihon jusqu’au bassin de Siloé. © Théo Truschel.

Une plaque commémorative marque le point de jonction des deux équipes :
«Le tunnel fut [complété] ! Lorsque [les ouvriers soulevèrent] leurs pioches, chaque homme en direction de son compagnon, il ne restait plus que trois coudées à creuser, ils [entendirent] la voix des autres ouvriers les interpellant, une percée apparut dans la roche sur la droite et à [gauche]. Le jour de la percée, les ouvriers tapèrent l’un vers l’autre, pioche contre pioche. L’eau s’écoula vers la piscine à une distance de 1200 coudées. La roche au-dessus de la tête des ouvriers était de 100 coudées».
La plaque originale se trouve aujourd’hui exposée au musée de l’Orient ancien d’Istanbul. Une copie la remplace dans le tunnel.

La datation

La période des travaux du tunnel a été confirmée par une datation au carbone 14 sur des végétaux récupérés sur les parois du tunnel. Récemment cette analyse a été complétée par un examen par radiocarbone, appliqué sur certains matériaux plaqués sur la voûte. Les dates ainsi obtenues s’accordent aux alentours de l’an 700 avant notre ère. Cette date semble correspondre au règne d’Ézéchias (vers 716-687 avant notre ère).
Un scientifique, Amos Frumkin, a pu ainsi affirmer que le tunnel de Siloé serait à ce jour «l’une des structures bibliques les mieux identifiées».