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Bible, Histoire, Archéologie

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Archéologie

Les ruines (détail) d’une partie de la Corinthe antique avec le temple d’Apollon. © Pixels outloud.

Le contexte historique

En 51, date attestée par la découverte de la Pierre de Delphes (ci-dessous), l’apôtre Paul quitte Athènes, la ville « universitaire » pour se rendre à Corinthe, la capitale « commerciale » de l’Achaïe (la Grèce actuelle), dont les deux ports, situés de chaque côté de l’isthme, en assurait l’extrême richesse. Détruite par la République romaine en 146 avant J.-C., Corinthe est reconstruite par Jules César vers 44 avant J.-C. et, colonie romaine, comptait à l’époque de l’apôtre Paul environ 750 000 habitants, dont 500 000 esclaves : vouée à Vénus (Aphrodite), dont le temple dominait la ville ; il était desservi par un millier de courtisanes, « la ville entière était comme un vaste mauvais lieu, où de nombreux étrangers, des marins surtout, venaient dépenser follement leurs richesses » (E. Renan).

Image ci-contre : buste de Claude en Jupiter (-10 avant J.-C. – 54 après J.-C.). Marbre, œuvre romaine, vers 50. Rome, musée Pio-Clementino. © Jastrow.
Il expulsa les Juifs de Rome à cause de troubles provoqués par un dénommé « Chrestus. » Les spécialistes estiment généralement que le nom latin «Chrestus» mal orthographié fait référence au Christ (Christus).

Corinthe cherchait surtout à s’enrichir par le commerce et défendait sa liberté face aux intentions hégémoniques des autres cités grecques, puis contre les velléités macédoniennes, achéennes et enfin romaines. Ces plaisirs onéreux expliquent le proverbe : « il n’est pas permis à tout le monde d’aller à Corinthe » (Horace, ep. 1,17) et l’expression qui avait cours en ce temps : «se corinthianiser» (se débaucher).

Une rencontre particulière

À Corinthe, Paul rencontre un couple victime de l’édit d’expulsion des Juifs de Rome promulgué par Claude en 49, successeur de Caligula depuis 41. Cet édit est confirmé par un célèbre passage de Suétone : Vie de Claude.
Ce couple juif, de famille romaine, est originaire de la province du Pont (en Asie mineure, sur la mer Noire ou Pont-Euxin. Leurs noms sont latins : Aquilas (= aigle), Priscille (diminutif de Prisca = antique, 2 Timothée 4,19). Toujours nommés ensemble, la femme la première, et souvent comme recevant l’Église chez eux (1 Corinthiens 16,19). Ils sont faiseurs de tente comme Paul. Leur métier commun, dans cette ville prospère, les rapproche. D’abord collègues, ils ne tardent pas à devenir frères.

La Pierre de Delphes avec la mention du proconsul Gallion

Le proconsulat de Gallion en Achaïe vers 52 est attesté par une inscription trouvée à Delphes lors de fouilles effectuées par l’École française d’Athènes en 1905. Cette inscription, conservée de manière incomplète en neuf fragments, porte un texte émanant de l’empereur Claude et mentionne le proconsul Gallion devant lequel comparut l’apôtre Paul rapporté dans les Actes 18,12.
Alors que Gallion était gouverneur d’Achaïe, probablement à l’été 51, Paul, qui séjournait depuis quelque temps à Corinthe, fut cité devant son tribunal par les Juifs de la cité et Sosthène, chef de la synagogue de Corinthe, épisode de la rivalité entre les Juifs et les chrétiens à cette époque. Gallion refusa de prendre en compte les accusations portées contre Paul.

Musée de Delphes – Fragment d’inscription portant le nom de Gallion (ΓΑΛΛίΩΝ, l’encadré). © Gérard.