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Bible, Histoire, Archéologie

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Présentation

L’Église éthiopienne orthodoxe est une des premières Églises chrétiennes du continent africain (la première ?). Plusieurs versions historiques existent quant à l’introduction du christianisme en Éthiopie. La plus ancienne est celle du baptême de cet eunuque, ministre et surintendant de tous les trésors de la reine Candace d’Éthiopie, par le diacre Philippe au Ier siècle (Actes 8,27). Cependant rien ne prouve que cette conversion ait eu, à cette époque, un impact direct sur le royaume.

 

 

La fête de l’Épiphanie ou Timkat, qui commémore le baptême du Christ dans le Jourdain.

Les grandes fêtes religieuses, Noël ou Genna, célébrée en janvier, les Rameaux ou Hosanna, Maryam Tsion dédiée à Marie en novembre, ou encore Maskal, la fête de l’invention de la Croix, sont l’occasion de grands rassemblements populaires dans les principales villes de pèlerinage. © D.R.

 

L’origine de l’Église éthiopienne

La version historique la plus vraisemblable renvoie au rôle d’un certain Frumence au IVe siècle. Sa présence et son influence auprès du roi Ezana aurait permis au christianisme de devenir la religion officielle du royaume d’Aksoum vers 332.
Frumence ou Frumentius devint le premier évêque d’Aksoum. D’origine syrienne et de culture grecque, il fut esclave et secrétaire du roi Ella Amida. Après la mort de ce dernier, la reine fit de Frumentius le précepteur de son fils Ezana qu’il convertit au christianisme. On estime aujourd’hui que dans une certaine mesure, Frumence participa à la conversion du royaume. Il est appelé Abba Salama (le «Père de la paix») dans la tradition chrétienne éthiopienne.

Caractéristique du christianisme en Éthiopie

L’Église orthodoxe éthiopienne, aujourd’hui 60% de la population, est restée assez isolée du reste du monde chrétien entre les VIIe et XIVe siècles, par suite des conquêtes de l’islam et de l’apparition de plusieurs sultanats dans la Corne de l’Afrique. Elle a ainsi développé une spiritualité, une théologie et des usages liturgiques particuliers marqués par l’Ancien Testament comme la circoncision et le sabbat en plus du dimanche. C’est ainsi que les chrétiens orthodoxes d’Éthiopie respectent aussi certaines restrictions alimentaires de l’Ancien Testament (les seules viandes autorisées sont celles de bœuf, de chèvre, de mouton et de poulet) et pratiquent un régime strict sans produit animal (viande, produits laitiers, œufs… parfois poisson) les mercredis et vendredis, ainsi que pendant les nombreuses périodes de jeûne (jusqu’à 180 jours par an) ; ces jours-là, les restaurants ne proposent souvent pas de viande. Par ailleurs, ils ne mangent normalement que de la viande issue d’animaux abattus selon le rite orthodoxe.

Image ci-contre : creusée sur un plan cruciforme de 25 mètres de côté (croix grecque), l’Église Saint Georges de Lalibela (l’une des 12 églises de Lalibela) est haute de 30 mètres et a été taillée dans la roche volcanique, d’où son aspect rouge, au début du XIIIe siècle. On y descend par une tranchée, visible en haut à droite de l’image. © Bernard Gagnon.
Éthiopie, Lalibela. Église monolithique de Saint-Georges (Bet Giyorgis en Amharique) en forme de croix. Les églises de Lalibela sont inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. © Michail Vorobyev.

Le canon biblique de l’Église éthiopienne

L’Église orthodoxe éthiopienne a, de toutes les Églises chrétiennes, le canon biblique le plus large, qui inclut notamment la Première Épître de Clément, l’Ascension d’Isaïe, le Livre des Jubilés et le Livre d’Hénoch.

Le guèze

Le guèze (ou ge’ez, écouter), parfois appelé éthiopien ancien ou classique, est une ancienne langue chamito-sémitique de la famille des langues sémitiques parlée jusqu’au IVe siècle dans la Corne de l’Afrique et originaire des régions du sud de l’Érythrée et du nord de Éthiopie. Le guèze, qui se lit de gauche à droite, était la langue officielle du royaume d’Aksoum puis de l’empire d’Éthiopie.
Aujourd’hui, le guèze reste la langue principale utilisée dans la liturgie de l’Église éthiopienne orthodoxe et de l’Église érythréenne orthodoxe, ainsi que de la communauté juive Beta Israel. Cependant, en Éthiopie, l’amharique (principale lingua franca de l’Éthiopie moderne) et en Érythrée, le tigrinya, ainsi que d’autres langues peuvent être utilisés pour des sermons.

Image ci-contre : Eliza codex 23, manuscrit biblique en guèze. © Hill Museum & Manuscript Librairy.

Quelques évolutions du christianisme éthiopien

À partir du XIIIe siècle, avec la prise du pouvoir par la dynastie salomonide (se réclamant du roi Salomon et de la reine de Saba, cette dynastie a régné jusqu’en 1974 avec quelques interruptions), l’Église connaît une période de renouveau théologique et de renforcement de ses positions. Elle diffuse la religion dans tout le pays, y instaure un système éducatif, et poursuit un développement liturgique et artistique.
Au XVIe siècle, en guerre contre le sultanat d’Adal, le christianisme éthiopien est sur le point de s’effondrer comme disparaît alors le christianisme en Nubie. C’est en partie l’arrivée de soldats portugais qui lui permet de survivre. Les missionnaires qui les accompagnaient sont toutefois expulsés du pays en 1632 après avoir tenté de convertir le pays au catholicisme.
Sous les règnes de Yohannes IV et Menelik II qui donne au pays ses frontières actuelles (de 1872 à 1914), l’Église trouve de forts soutiens politiques, le premier tente de minimiser la présence de missionnaires étrangers tandis que le second profite des conquêtes menées dans les régions limitrophes du royaume pour encourager en même temps des campagnes de christianisation.

Image ci-contre : un prêtre à l’entrée d’un sanctuaire chrétien creusé dans la roche. © Olivier Grunewald.

L’autonomie de l’Église éthiopienne

À partir de 1926, l’Église éthiopienne entreprend une procédure vers l’autonomie vis-à-vis du Patriarcat d’Alexandrie dont elle dépendait.
En 1948, un agrément est conclu entre l’Église Copte d’Égypte et les chrétiens d’Éthiopie ; les évêques éthiopiens obtiennent le droit d’élire leur propre patriarche pour le remplacement futur de l’archevêque en poste. En 1951, elle devient officiellement autocéphale.
En 1959, le premier patriarche éthiopien, l’abouna (chef religieux) Basilios est désigné et obtient une dernière fois la validation du Patriarche d’Alexandrie, Cyrille VI.
Le terme «Église Copte d’Égypte» était couramment utilisé, mais à partir de 1959, cette appellation tend à disparaitre.
En 1965, la conférence des Églises orthodoxes orientales d’Addis-Abeba réunit pour la première fois les Églises orthodoxes orientales. En avril 2008, Addis-Abeba reçoit la visite du patriarche copte Chenouda III.
Entre 1974 et 1991, sous la direction de la junte militaire léniniste-marxiste du Derg (gouvernement mis en place à partir de 1974 à la suite de la révolution ayant renversé le régime du dernier Négus Hailé Sélassié), le christianisme éthiopien orthodoxe perd son statut de religion d’État et son influence politique apparait diminuée.
À partir de 1991, devenue la République Démocratique, l’Éthiopie demeure un État laïc mais l’Église exerce encore une certaine influence;elle doit faire face à l’arrivée de missionnaires évangéliques et à la montée d’un islam radical dans la Corne de l’Afrique.

Image ci-contre : fresque (détail) de l’église orthodoxe éthiopienne à Ura Kidane Mihret, près du lac Tana. © A. Savin.

À Jérusalem

L’Église Orthodoxe Éthiopienne maintient une communauté à Jérusalem depuis au moins le Moyen Âge. Les historiens des religions anciennes la mentionnent en Terre Sainte la faisant remonter au IVe siècle. Il est certain que l’Église Éthiopienne a joui de droits non négligeables sur les Lieux Saints, mais les perdit en grande partie lors la période ottomane.
De nos jours, la petite communauté est dirigée par un archevêque et elle est réduite à quelques dizaines de moines et nonnes qui vivent dans la Vieille Ville de Jérusalem, autour de l’Église Éthiopienne. Grâce à l’immigration des Éthiopiens (Falashas, « exilés » en amharique, près de 140000 à ce jour) en Israël, la communauté non religieuse s’est agrandie à un certain degré et, depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, les pèlerinages ont également augmenté.

Image ci-contre :  l’Église Orthodoxe Éthiopienne sur la rue d’Éthiopie dans la Vieille Ville de Jérusalem. © RonAlmog.