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Bible, Histoire, Archéologie

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Archéologie

Introduction générale

L’expression « chrétiens d’Orient » est couramment employée dans les publications et les médias pour désigner les chrétiens du Proche Orient. Elle est revenue sur le devant de la scène avec les attaques récentes contre les chrétiens en Irak, en Égypte et en Syrie.
Première religion mondiale, le christianisme n’est pourtant pas admis dans tous les pays, contraignant certains de leurs adeptes à vivre cachés.
Mais c’est aujourd’hui paradoxalement dans son berceau originel que la religion héritée de Jésus est la plus menacée : le Proche Orient.
À l’heure où les chrétiens d’Orient sont souvent obligés de fuir leurs terres, que va-t-il rester de leurs communautés dans les décennies à venir ?

Les communautés chrétiennes

Les communautés chrétiennes se divisent en différentes catégories de base : Orthodoxes orientaux chalcédoniens, Catholiques (latins et uniates), Protestants (ceux-ci consistent en 20 anciennes églises locales et 30 nouvelles constituées de dénominations issues du Protestantisme) et Orthodoxes orientaux antéchalcédoniens (miaphysites = une seule nature associant humanité et divinité sans mélange, terme utilisé depuis le début du XXIe siècle). 
À l’exception des églises nationales comme l’Église Arménienne, les communautés locales sont pour la plupart de langue arabe, ce sont certainement les descendants des premières communautés chrétiennes de l’époque byzantine.

L’Église orthodoxe – L’Église d’Orient ou Église orthodoxe grecque

Elle consiste en une famille d’églises qui toutes reconnaissent la primauté honorifique du Patriarche de Constantinople. Historiquement, cette Église est issue des Églises d’Orient de l’Empire byzantin. Le Patriarcat Orthodoxe Grec se considère comme l’Église-Mère de Jérusalem, l’autorité de son Évêque Patriarcal lui fut conférée par le Concile de Chalcédoine en 451. Depuis 1054, elle est séparée de Rome.

Image ci-contre : l’Église Orthodoxe de Sainte-Marie-Madeleine située sur le Mont des Oliviers à Jérusalem. © DR.

Après 1099 et la conquête croisée, le Patriarcat Orthodoxe de Jérusalem, déjà en exil, fut installé à Constantinople et une résidence permanente à Jérusalem, ne fut ré-établie qu’en 1845. Depuis 1662, la direction des intérêts orthodoxes en Terre Sainte est assurée par la Fraternité du Saint Sépulcre qui s’est attachée à sauvegarder le statut de l’Église Orthodoxe dans les Lieux Saints et préserver le caractère grec du patriarcat. Les paroisses sont majoritairement de langue arabe et leurs ministres sont aussi bien des prêtres arabes mariés que des membres de la Fraternité du Saint Sépulcre. La communauté compte 50000 âmes, principalement à Jérusalem et en Galilée, et un nombre à peu près semblable en Judée, Samarie, à Gaza et les pays voisins inclus sous l’autorité de Patriarcat.
En 1964, une rencontre historique eut lieu à Jérusalem entre le Pape Paul VI et le Patriarche œcuménique de Constantinople Athenagoras.
Deux autres églises nationales historiques ont également une représentation en Israël : ce sont la russe et la roumaine. Elles sont en communion avec l’Église Orthodoxe Grecque et placées sous la juridiction locale du Patriarcat Orthodoxe Grecque.

La Mission Orthodoxe russe

Elle fut établie à Jérusalem en 1858, mais les pèlerins russes avaient commencé à visiter la Terre Sainte dès le XIe siècle, quelques années après la conversion du prince de Kiev Vladimir Ier Sviatoslavitch. C’est sous son règne (980-1015) que s’est amorcée la conversion des Russes au christianisme ; à ce titre, il peut être considéré comme le fondateur de la Sainte Russie. Ces visites se poursuivirent pendant 900 ans et d’immenses pèlerinages annuels commencèrent à affluer à la fin du XIXe siècle jusqu’à la Première guerre mondiale ; ils furent interrompus à la Révolution russe.

Image ci-contre : un pélerin allume une bougie dans l’église du Saint Sépulcre à Jérusalem. © Anton Kudelin.

Depuis 1949, les titres de propriété de l’Église russe dans ce qui était devenu l’État d’Israël sont détenus par la Mission Russe Orthodoxe (Patriarcat de Moscou) tandis que ceux des propriétés situées en territoire jordanien sont conservés par la Mission Ecclésiastique Russe, représentant l’Église Russe en exil (après la révolution de 1917). Les deux missions sont chacune conduites par un archimandrite entouré d’un certain nombre de moines et de nonnes.
Une mission représentant l’Église roumaine orthodoxe fut établie en 1935. Conduite par un archimandrite (vient du grec ἀρχιμανδρίτης (archimandrìtès), formé de ἀρχη (arkhè), « chef », « commandant », et de μάνδρες (màndres), « bergerie » et par extension « cloître » ; c’est l’image du bon berger), elle consiste en une petite communauté de moines et de nonnes qui résident à Jérusalem.
Au cours des siècles passés, l’Église Orthodoxe Géorgienne a maintenu une présence en Terre sainte durant de nombreuses années. Mais dès que la Géorgie obtint son indépendance, un bon nombre de moines orthodoxes géorgiens vinrent s’installer à Jérusalem, sous l’égide de l’Église Orthodoxe Grecque.

Jérusalem, une vue panoramique du Mont des Oliviers. On distingue, sur la droite de l’image, « la Porte dorée ». © Nezek.

Les églises non chalcédoniennes sont des églises orientales – arménienne, copte, éthiopienne et syrienne, qui ont rejetés les enseignements du Concile de Chalcédoine en 451 – portant sur la double nature du Christ ; pour ces églises, le Christ est uniquement de nature divine.

L’Église apostolique assyrienne d’Orient

Elle fut l’une des premières à s’exclure de la communion avec l’Église catholique romaine. Ses origines remontent au siège de Séleucie-Ctésiphon, qui aurait été fondé par l’apôtre Saint Thomas, ainsi que par Saint Mari et Saint Thaddée (Addaï), comme l’affirme la Doctrine d’Addaï. Cette Église est parfois appelée Église nestorienne, Église syriaque orientale ou Église perse.
D’autres noms lui ont été incorrectement attribués, notamment celui d’ «Église orthodoxe assyrienne», ce qui a conduit certains à croire à tort qu’il s’agit d’une branche de la communauté orthodoxe orientale. L’Église elle-même n’utilise le terme «orthodoxe» dans aucun de ses textes liturgiques ni dans sa correspondance officielle. Elle n’emploie pas non plus de mot pouvant être traduit par «juste foi» ou «juste doctrine», équivalents approximatifs du mot « orthodoxe ». En Inde, elle porte le nom d’Église syrienne chaldéenne. En Occident, on l’appelle «Église nestorienne», bien qu’elle considère cette désignation comme péjorative. L’Église apostolique assyrienne d’Orient affirme qu’aucune autre Église ne compte autant de martyrs qu’elle.

Image ci-contre : l’intérieur de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. C’est l’endroit le plus sacré pour tous les chrétiens du monde. L’église accueille les cultes de plusieurs confessions chrétiennes différentes. Toutes ces communautés y sont protégées par le statu quo sur les Lieux saints. Elle est également un des sièges du patriarcat arménien et orthodoxe de Jérusalem. © Kirill Neiezhmakov.

L’Église apostolique assyrienne de l’Orient est l’Église chrétienne originelle de ce qui fut autrefois la Parthie, qui recouvrait l’est de l’Irak et l’Iran actuels. À l’époque médiévale, l’Église s’étendait jusqu’à la Chine et l’Inde : un monument découvert à Xi’an, autrefois Chang’an, capitale de la Chine à l’époque des Tang, décrit en chinois et en syriaque les activités de l’Église aux VIIe et VIIIe siècles. Un millénaire plus tard, un moine chinois se rendait de Beijing (Pékin) à Paris et Rome pour demander une alliance avec les Mongols contre les Mamelouks.
Avant l’arrivée des Portugais en Inde en 1498, l’Église envoyait des évêques « syriens orientaux » aux chrétiens de Saint Thomas. Par ailleurs, le patriarche Timothée (VIII-IXe siècles) a, dans ses écrits, évoqué l’importante communauté chrétienne du Tibet. Elle utilise la langue syriaque (araméen de l’Est) pour la liturgie et les prières.

L’Église orthodoxe syrienne ou syriaque

Elle est issue de l’ancienne Église d’Antioche, l’une des plus anciennes communautés chrétiennes du Proche Orient. Parmi ses traditions figure l’usage perpétué de la langue syrienne (araméen de l’Ouest) pour la liturgie et les prières. Ils sont également connus sous le nom de « Jacobites » d’après Jacob Baradeus qui organisa l’église au VIe siècle. Leur Patriarche réside à Damas. Il y eut des évêques orthodoxes syriens à Jérusalem depuis 793 et de façon permanente depuis 1471.
Aujourd’hui l’Église Syrienne est dirigée par un évêque qui réside à Jérusalem, au monastère St Marc datant du VIIe siècle. La communauté ne compte que quelques familles seulement, qui vivent principalement à Nazareth, Haïfa, Jéricho, Ramallah, Beit Sahur et Beit Jala.

Image ci-contre : célébration d’une fête dans un monastère syriaque à Mossoul en Irak, au début du XXe siècle. © DR.

L’Église orthodoxe copte

L’Église orthodoxe copte a ses racines en Égypte où une grande partie de la population devint chrétienne au cours des premiers siècles. Ils déclarent être arrivés en Palestine avec Sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin. Cette église eut très tôt une influence sur le développement de la vie monastique dans le désert, de Judée notamment. La communauté prospéra pendant la période mamelouk, de 1250 à 1517, puis avec Mohamed Ali en 1830. Depuis le XIIIe siècle, le patriarche copte d’Alexandrie est représenté par un archevêque en résidence à Jérusalem. La communauté copte compte environ 1500 membres qui vivent à Jérusalem et à Ramallah principalement.

Image ci-contre : l’Église copte à Amman, Jordanie. © DR.

 

L’Église orthodoxe arménienne

Elle date de l’an 501, celui de la conversion de l’Arménie, première nation à embrasser le christianisme. Une communauté religieuse arménienne est présente à Jérusalem depuis le Ve siècle et des sources arméniennes remontent le premier patriarcat à une charte donnée par le Calife Omar au patriarche Abraham en 638. Le patriarcat arménien de Jérusalem fut installé en 1311. Tout au long du XIXe siècle, pendant et après la Première guerre mondiale, la communauté locale arménienne s’était agrandie. Avant 1939, on dénombrait plus de 15000 membres qui constituaient le troisième groupe chrétien le plus important. Aujourd’hui cette communauté compte moins de 2500 à 3000 personnes qui vivent dans la quartier arménien de Jérusalem, ainsi qu’à Haïfa, Jaffa, Ramallah ou encore Bethléem, ainsi qu’à Amman, en Jordanie.

Image ci-contre : la cathédrale d’Etchmiadzin, l’une des plus anciennes églises d’Arménie, datant du Ve siècle et située dans la ville sainte d’Ejmiatsin, en Arménie. © DR.

L’Église orthodoxe éthiopienne

L’Église orthodoxe éthiopienne maintient une communauté à Jérusalem depuis au moins le Moyen Âge. Les historiens des religions anciennes la mentionnent en Terre Sainte la faisant remonter au IVe siècle. Il est certain que l’Église éthiopienne a joui de droits non négligeables sur les Lieux Saints, mais les perdit en grande partie à la période turque précédant la déclaration de Statut quo. De nos jours, la petite communauté est dirigée par un archevêque et elle réduite à quelques dizaines de moines et nonnes qui vivent dans la Vieille Ville et autour de l’Église éthiopienne à l’ouest de Jérusalem. Grâce à l’immigration des Éthiopiens (Falashas) en Israël, la communauté non religieuse s’est agrandie à un certain degré et, depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, les pèlerinages ont également augmenté.

Image ci-contre : un prêtre éthiopien étudiant un texte de la Bible en ahmarique. © DR.
L’amharique est une langue chamito-sémitique de la famille des langues sémitiques, une famille au sein de laquelle elle occupe, en termes de locuteurs, la deuxième place après l’arabe. En raison de la politique linguistique avant la chute du Derg, la langue est parlée en Éthiopie par une majorité de la population, soit comme langue maternelle — majoritairement par les Amharas —, soit comme langue seconde ou véhiculaire.