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Bible, Histoire, Archéologie

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Hérode Ier le Grand,

la découverte de sa tombe

La découverte du tombeau du roi Hérode au mont Hérodion en Cisjordanie, à une douzaine de kilomètres au sud de Jérusalem, est non seulement un évènement archéologique majeur, mais aussi l’aboutissement de plus d’un demi siècle de recherches acharnées sur le terrain.

Image ci-contre : décoration florale sculptée avec une grande finesse. © Doron Nissim.

La découverte

Image ci-contre : Le professeur Ehud Netzer (1934-2010) de l’Université hébraïque de Jérusalem sur le chantier du site de l’Hérodium. © Doron Nissim.

Le 7 mai 2007, le professeur Ehud Netzer (1934 – 2010) de l’Université hébraïque de Jérusalem et son équipe ont annoncé la mise au jour de la tombe présumée du dernier grand roi judéen Hérode Ier le Grand. Ils mettaient ainsi fin à une énigme de 35 années de fouilles archéologiques sur le site d’Hérodium, une colline artificielle bâtie, vers 20 avant J.-C. par Hérode, pour supporter un palais-forteresse. Il en avait fait l’une de ses résidences d’hiver qui communiquait par signaux lumineux avec d’autres forteresses environnantes (Massada, Cypros, Alexandréion). Hérodium, aujourd’hui en Cisjordanie, est situé à 12 km au sud de Jérusalem, non loin de Bethléem.

Image ci-contre : une vue du nord-est du palais-forterresse de l’Hérodion construit par Hérode le Grand. © Atlas Zondervan de la Bible / HolyLand images.

Des fouilles avaient déjà été effectuées dans les années 50 par des moines franciscains puis par une équipe italienne d’archéologie de 1962 à 1967 et reprises ensuite en 1972 par le professeur Ehud Netzer. Les fouilles se révélant infructueuses, les archéologues orientèrent leurs recherches sur le versant nord-est de la colline, à mi-pente. On savait par l’historien juif Flavius Josèphe qu’Hérode avait été inhumé probablement au pied de la colline qui domine toute la région de Bethléem jusqu’aux confins du désert de Juda au bord de la mer Morte.
Des fragments d’un sarcophage en pierre ocre de Jérusalem ont été exhumés des ruines. Il devait à l’origine mesurer 2,50 m. de long. Il était fermé par un couvercle à section triangulaire, orné de motifs en formes de rosettes.
La découverte présumée de la tombe d’Hérode est confirmée par l’exhumation de deux sarcophages bien conservés : celui probable d’une de ses épouses, Malthace dite «la Samaritaine» et de l’une de ses belles-filles, peut-être la seconde femme d’Archélaüs (ou Archélaos), le fils aîné d’Hérode le Grand (voir tableau généalogique →).

Image ci-contre : l’état des fouilles qui ont permis de dégager, sur la pente de la colline de l’Hérodion, les vestiges d’un podium mouluré de 10 mètres sur 10. © Doron Nissim.

Du site funéraire, un bâtiment à deux niveaux de 25 m de hauteur, édifié au-dessus d’un théâtre d’une capacité de 700 personnes, il ne reste plus aujourd’hui qu’un monumental escalier d’accès de 6,5 mètres de large construit spécialement pour le cortège funéraire et un dallage de pierre taillée d’une surface de 100 m2.

L’entrée de la tombe présumée du roi Hérode au moment de sa découverte. © Doron Nissim..

La reconstitution

En juillet 2008, sur le flanc à mi-pente du versant nord-est, un nombre suffisant d’éléments de cette tombe qui avait été arasée, ont permis de reconstituer l’élévation ; un podium supportait une structure carrée elle-même surmontée d’une pièce circulaire comportant 18 colonnes entourée d’un jardin en terrasse. On y accédait par le grand escalier qui menait jusqu’au sommet de l’Hérodium, dans le palais d’Hérode.
Le professeur Ehud Netzer affirme que les dimensions et la qualité de cette tombe ne pouvaient convenir qu’à un souverain de la dimension d’Hérode Ier.

Image ci-contre : la reconstitution du sarcophage du souverain à l’aide des éléments mis au jour sur le site. © DR.

Devant le manque d’inscription relevée à ce jour, certains spécialistes, comme l’archéologue Jean Sylvain Caillou, estiment que cette tombe aurait pu aussi bien convenir à Archélaüs, le fils aîné d’Hérode (voir tableau généalogique →). Mais Ehud Netzer fait remarquer que dans le récit de Flavius Josèphe l’escalier monumental était déjà en place et bien décrit lors des funérailles présidées par Archélaüs qui n’a jamais eu la stature de son père même si Jérôme, au IVe siècle, situait la tombe d’Archélaüs près de Bethléem.

Image ci-contre : détail de l’escalier mouluré avec quelques vestiges épars sculptés avec une grande finesse. © Doron Nissim.

Selon Ehud Netzer les dépouilles mortelles du souverain et probablement de ses proches, ont disparu lors du saccage des tombes pendant la première révolte juive entre 66 et 73 après J.-C. Les insurgés de l’époque avaient transformé l’Hérodion en forteresse refuge pour leur cause. Lors de la seconde guerre juive, en 132-135, cette forteresse devint à nouveau un des centres de la résistance dirigée par Simon Bar Kokhba. On la trouve mentionnée à ce titre dans les papyrii de Murabbaat publiés par J. T. Milik.