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La stèle de Tel Dan

Le nom du roi David a été retrouvé en 1993 sur un bloc de basalte noir de 32 cm de haut (A), par l’équipe du professeur Avraham Biran du Hebrew Union College à Jérusalem, lors des fouilles sur le site de Tell Dan, l’antique Laïs. Celui-ci se situe près des sources du Jourdain, à l’extrême nord d’Israël.
Deux autres fragments ont été exhumés sur ce même site en juin 1994 (B1 et B2). Ces trois fragments de basalte proviennent d’une stèle 1 qui faisait partie intégrante d’un mur et du dallage d’une place ; la destruction s’est produite lors de la prise de Dan par les Assyriens vers la fin du VIIIe siècle avant notre ère 2.

Pour visualiser le plan de la stèle de Tel Dan, cliquez sur l’image.

1. Stèle : bloc de pierre dressé portant une inscription, souvent utilisé pour marquer une frontière ou commémorer un événement important dans la vie de ses fondateurs.
2. Les biblistes attribuent la prise de Dan au roi assyrien Téglat-Phalaser III, vers 733-732 avant J.-C.

La stèle du roi David

Ces fragments comportent des inscriptions en araméen ancien, gravées dans le dernier quart du IXe siècle, comme le suggèrent aussi des tessons de poterie trouvés sur le site. Lors de la découverte du premier fragment, il avait semblé aux éditeurs qu’il rapportait des événements contemporains du roi Achab d’Israël ou du roi Josaphat de Juda. Les deux autres petits fragments trouvés en 1994 suggèrent aujourd’hui que cette stèle se référerait plutôt à l’assassinat des rois Yoram d’Israël et Akhaziahou (ou Akhazyahou) de Juda par Jéhu (2 Rois 9).
Les textes parlent aussi de la victoire militaire d’une divinité nommée « Haddad » (lignes 5 et 6), principale divinité araméenne du royaume de Damas, d’un « roi d’Israël » (ligne 8) et de la Maison de David (ligne 9). L’auteur de la stèle reste malheureusement anonyme dans les fragments conservés, mais une analyse historique permet de l’identifier comme étant le grand roi de Damas, Hazaël 3.

Image ci-contre : l’imposant mur situé le long de la partie sud de Tell Dan et qui correspond à la période israélite de la fin du Xe au début du VIIIe siècle avant notre ère, a été partiellement reconstruit. La stèle comportant l’inscription de la « Maison de David » a été exhumée à proximité de ce mur. © Holy Land Photos.

La découverte de ces fragments a été suivie de leur publication par Avraham Biran et Joseph Naveh et, bientôt, par plusieurs dizaines d’articles dans des revues spécialisées, portant principalement sur le sens du syntagme BYTDWD au début de la ligne 9 du premier fragment.
Aujourd’hui, selon la majorité des spécialistes, il semble établi que BYTDWD signifie «Maison de David » car le syntagme MLK BYTDWD, «roi de la Maison de David», est parallèle au syntagme MLK YŠRL, «roi d’Israël», au début de la ligne 8 4. La «Maison de David» désigne donc ici le royaume judéen de Jérusalem.
En outre, si nous comparons ce syntagme aux expressions sémitiques parallèles (beit + NP), désignant d’autres royaumes du Levant ancien, cette expression signifie que David est le fondateur de la dynastie régnant à Jérusalem.
Par ailleurs, l’expression «Maison de David» doit probablement aussi être lue dans la partie inférieure abîmée de la stèle de Mesha. En effet, à la fin de la ligne 31, on peut lire BT(D)WD et, d’après le contexte, cette expression désigne aussi le royaume de Juda qui contrôlait la ville de Horonayim et une partie du territoire situé au sud-est de la mer Morte.

Image ci-contre : reconstitution possible d’un podium où l’on gérait les affaires juridiques (2 Samuel 19,9) avec les socles en pierre gravés mis au jour lors des fouilles archéologiques. © Holy Land Photos.

La mention Beit Dawid dans ces deux stèles gravées par deux rois ennemis du royaume de Juda confirme que l’expression «Maison de David» faisait partie du langage diplomatique officiel de la seconde moitié du IXe siècle avant notre ère et qu’elle n’est pas l’invention d’un historien tardif sous le règne de Josias, ou durant l’Exil.

3. André Lemaire, « Épigraphie palestinienne : nouveaux documents I ». Fragments de stèle araméenne de Tell Dan (IXe siècle avant J.-C., Henoch, 16, 1994, pp. 87-93).

À l’issue de la bataille, les Assyriens défilent devant leur roi, avec comme trophées, les têtes coupées de leurs ennemis.  Palais de Ninive. © Théo Truschel.
La place située à l’entrée de la ville. La porte a problement été détruite par Téglath-Phalasar III vers 733/732 avant J.-C. En 1993, c’est à cet endroit qu’a été découvert le premier fragment de la stèle. © Holy Land Photos.